
Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de l'un des deux derniers mécaniciens du G.C. III "Normandie", monsieur Gérard Weill. Ses obsèques seront célébrées mercredi 22 juillet à La Rochelle.
Gérard Weill est né le 20 mars 1924 à Verdun, dans la Meuse.
Son père, qui s’était engagé à 18 ans en 1914, pressent l’imminence de la guerre. Etant affecté à Djibouti aux Travaux Publics Coloniaux, il se refuse à laisser ses fils en France. La famille Weill embarque donc le 13 janvier 1939 sur le « Cap Tourane » à destination de Djibouti. Au début du mois de mai 1940, le gouverneur donne l’ordre d’évacuation des femmes et des enfants. Gérard Weill, accompagné de sa mère et de son jeune frère, embarque sur le « Félix Roussel » à destination de la métropole. Arrivé au canal de Suez, le navire est stoppé et reste en attente. Le 10 juin 1940, les passagers apprennent que l’Italie vient de déclarer la guerre à la France. En conséquence, il n’est plus question de traverser la Méditerranée, les passagers sont dirigés vers le Liban. Arrivés à Beyrouth, ils sont installés dans un petit hôpital désaffecté, l’hôpital « Saint-Charles », puis transférés dans un hôtel réquisitionné dans la montagne à Aïn Saïda, et pris en charge par des religieuses. Entre-temps, le père et le frère aîné de Gérard Weill ont quitté Djibouti à bord d’un boutre pour rejoindre Aden. Son frère aîné ralliera les Forces aériennes françaises libres à Khartoum et sera affecté au groupe de bombardement « Lorraine ».
Début juin 1941, la guerre ayant gagné le Liban, Gérard Weill se porte volontaire comme secouriste à l’hôpital militaire « Maurice Rotier » de Beyrouth. Il est affecté au service de chirurgie du capitaine Huot jusqu’au 11 juillet 1941.
Le 6 mars 1942, Gérard Weill signe pour la durée de la guerre un engagement volontaire dans les Forces aériennes françaises libres, sous le matricule n° 40.509. Affecté comme élève mécanicien à la base de Rayack, il est nommé caporal le 1er septembre.
S'étant porté volontaire pour le G.C. III « Normandie », il arrive à Ivanovo en Russie le 29 novembre 1942 et participe à la première campagne de l'unité en qualité d’aide-mécanicien.
Nommé caporal-chef le 14 juillet 1943, il est de retour à Rayack le 26 septembre suivant avec l'ensemble du personnel technique français du « Normandie ».
Il est promu sergent le 1er décembre 1943, puis breveté mécanicien avion dix jours plus tard.
Le 1er février 1944 il est affecté au G.C. III/3 « Ardennes ». Avec sa nouvelle unité, il participe aux campagnes d’Afrique du Nord, de France et d’Allemagne jusqu’à la fin des hostilités.
La guerre terminée, il se rend à l’état-major de l’armée de l’Air à Paris dans le but d’être affecté en école de pilotage aux Etats-Unis. Malheureusement, les Américains cessant la formation du personnel navigant français (ils la reprendront en 1950), les espoirs de Gérard Weill de devenir pilote s’évanouissent. Aussi, il préfère ne pas renouveler son engagement et est démobilisé le 7 février 1946.
Etant trop jeune pour un poste de mécanicien navigant à Air France qui exige l’âge minimum de 25 ans, il décide de partir en Afrique. Il entre comme agent technique aux bases aériennes à Dakar, le 15 novembre 1946. Par la suite, il obtient son brevet de pilote de tourisme 1er et 2ème degré.
Nommé sergent-chef de réserve le 1er juillet 1950, il quitte l’administration le 13 décembre 1951 et devient adjoint au chef de la succursale d’une entreprise privée à Dakar.
Il devient ensuite chef d’agence à Douala, Brazzaville et Léopoldville, au Congo belge.
En juillet 1959, il ouvre un cabinet de représentation générale à Constantine, puis à Bône et prévoit l’ouverture d’une succursale à Alger. Malheureusement, les événements d’Algérie l’obligent à rentrer en France. Il est de retour le 10 août 1962, avec pour tout bagage une simple valise. Il devient directeur à Paris, puis à Toulouse, d’une entreprise qu’il représentait en Algérie. Il obtient le diplôme d’ingénieur en gestion.
Arrivé à l’âge de la retraite, Gérard Weill se retirera à La Rochelle, où il résidera jusqu'à son décès survenu le 15 juillet 2015, dans sa 92ème année.
